La chorale "Altiora" de la Paroisse Saints-Pierre-et-Paul à Ploegsteert

Des origines à 1970

Ce sont les sœurs de la Sainte-Union qui, dès leur arrivée en 1853, furent chargées d'animer les offices religieux. De par leur vocation, elles se trouvaient idéalement placées pour s'occuper de chorales. Cependant, elles se sont déchargées assez tôt de cette activité. L'occasion était belle. Lors d'une place vacante à l'école, avait la chance d'entrer en fonction l'institutrice laïque qui acceptait de diriger la maîtrise paroissiale. C'est ainsi que Madame Isberghe d'abord, Mademoiselle Delette ensuite et Mademoiselle Despringre dirigèrent successivement le groupe vocal.
Les répétitions, strictement réservées aux filles de l'école et aux anciennes élèves, avaient lieu en dehors des heures de cours, de 19h à 20h30, raconte Madame Stella Walle. Et la bonne vingtaine d'éléments formant la chorale était assidue aux répétitions. La technique d'apprentissage se faisait par audition et par imitation. Les choristes avaient quand même un avantage sur les autres élèves : elles pouvaient s'absenter des cours pour aller chanter les messe de mariages et d'enterrements.
Certaines répétitions avaient lieu à l'église afin de coordonner les voix et l'orgue.
A l'époque, l'église possédait un harmonium à soufflet et de grands orgues. Celles-ci sont situées au fond de la grande nef, au-dessus du portail principal.
Lors des cérémonies des dimanches et jours fériés, le sacristain* employait les grandes orgues afin de rehausser la magnificence de la fête tandis que la chorale prenait place dans la nef latérale gauche, près de l'autel de la sainte Vierge. L'éloignement provoquait, bien sûr, un manque de cohésion. Pourquoi, dès lors, cette obstination à vouloir cette ségrégation entre la voix et l'instrument ? Un fait est certain, les grandes orgues ont été mal disposées. En effet, alors qu'ailleurs l'instrument est placé latéralement ou dans le fond du jubé, il est, dans l'église Saints-Pierre-et-Paul, situé sur le devant, ne laissant qu'un passage étroit, la partie inoccupée se trouvant derrière ce complexe instrumental. Cette situation ne permet toujours pas de grouper la chorale autour de son chef ; les membres sont au contraire disséminés. Il est d'ailleurs impossible de placer trente personnes dans cette partie de l'église. Les raisons qui ont poussé les responsables à agir ainsi font suite à des décisions qui paraissent, somme toute, logiques. Le mur du fond, à cette hauteur, est percé de trois grandes fenêtres, qui laissent pénétrer une grande quantité de lumière. Cela n'aurait pas été le cas si le buffet avait poussé vers le fond. En 1931, un ventilateur électrique est adapté à l'instrument. Aujourd'hui encore, on éprouve un certain malaise à se déplacer dans cet endroit restreint.
La plupart des psaumes et des chants sacrés sont en latin, sauf quelques cantiques psalmodiés durant les saluts.
Il y eut bien quelques essais pour former une chorale masculine, soit la J.O.C., l'ESTU et principalement sous le vicariat de l'abbé Leterme, mais rien ne dura.
Si la grand-messe du dimanche était chantée et est encore chantée par les filles, celle du matin était chantée par quelques hommes. Cette coutume se perpétue encore de nos jours.
La chorale se réfugia quand même au jubé sous l'impulsion de Mademoiselle Despringre qui ne pouvait pas et diriger la chorale et surveiller les filles assistant aux offices, laissant ainsi à d'autres la garde de la jeunesse.
La nouvelle liturgie, l'introduction de la langue vulgaire dans les cérémonies et l'entrée quelque peu bruyante des rythmes modernes dans la musique religieuse, bouleversent les traditions et l'orgue est beaucoup trop classique pour suivre et cadencer les œuvres des auteurs de psaumes et de cantiques qui abondent alors.
Quelques jeunes hommes sont fascinés par les possibilités et les facilités qu'offre ce genre de musique. Ils en touchent un mot aux responsables : le curé Vandepitte et la dirigeante de la chorale, Mademoiselle Antoinette Despringre. A priori, ils ne sont pas contre cette nouveauté.
Le temps de recruter, de faire des essais, de s'organiser et la nouvelle chorale donne une première audition, très remarquée, lors de la Sainte-Cécile en novembre 1970.
C'est en compulsant les archives que nous avons pu relever dans le discours prononcé lors du banquet de la Sainte-Cécile (le 22 novembre 1971) quelques phrases évoquant les grands moments de la société. Monsieur le Curé Vandepitte étant le " promoteur inconditionnel de ce chœur mixte devenu depuis l'apanage de notre paroisse " ; qu'un accompagnement instrumental s'était joint à la chorale. Il était composé d'une guitare accompagnement et d'une guitare basse tenues respectivement par MM. Christian et Didier Lamoot.
Il devait y avoir sept hommes à l'origine puisque le même discours parle du " septuor vocal masculin ". Cette même allocution se termine par ces mots : " … Je ne pourrai terminer cet éloge sans regretter une chose : notre chorale n'a pas encore de nom. En ce 22 novembre, fête de sainte Cécile et premier anniversaire de notre fondation, nous ne pouvons pas quitter ce local avant d'avoir un nom digne de nous… " C'est à partir de ce soir-là que la maîtrise paroissiale prit le nom d' " Altiora ".
Dans le rapport de la réunion du comité paroissial du mardi 17 octobre 1972, on peut lire au point 6 :

" La chorale mixte existant depuis plus d'un an n'a toujours pas de comité. Il est aussi normal que tous les frais qu'occasionne une telle entreprise ne doivent pas retomber sur une même personne. Pour éviter l'abus de réunions et comme la plupart des membres du comité se trouvent dans la chorale, celle-ci relèvera dorénavant du comité paroissial, leurs membres étant représentatifs. Approbation unanime.
Une quête sera organisée le jour de la saint Cécile pour subvenir aux besoins. L'orgue, le baffle et l'amplificateur sont la propriété de Mademoiselle Ant. Despringre en attendant qu'ils soient rachetés par la fabrique d'église. "

L'achat de l'orgue électronique date donc de 1972. Il fut ajouté aux guitares afin de couvrir l'ensemble, de rendre la tonalité moins aiguë. Il permettait aussi aux instruments de se mettre en valeur par l'emploi du contre-chant dans certaines mélodies et la reprise instrumentale de certains thèmes ainsi que la possibilité d'un accompagnement mieux adapté et plus complet dans la spécificité de chaque instrument.
C'est encore dans un discours, prononcé le 16 décembre 1972, rempli d'humour, que l'on trouve confirmation de cet achat et aussi une façon bien particulière d'en régler le montant :

" L'année 72, qui doucement s'éteint, nous a permis d'assister au sein de notre société à une transformation orchestrale onéreuse. Elle ne fut possible, bien sûr, qu'avec le soutien financier de quelques généreux mécènes directement concernés dans l'affaire…
En effet, un orgue électronique portatif est venu pallier les déficiences respiratoires des grandes orgues, asthmatiques au possible… Cet orgue possède d'immenses qualités et de multiples possibilités. Jugez-en : 14 registres pouvant donner 168 jeux différents, mais une dizaine seulement à tendance sacrée ; m^me de ce côté-là, en musique instrumentale, ils sont en minorité : la politique tout de même ! En tant que bon trésorier, Monsieur le Curé, ce n'est pas cher, un orgue pareil : 170 F le jeu. Avouez ! Je puis vous suggérer de glisser à l'oreille du Comité de la Fabrique d'Eglise de payer par mensualités de 5 jeux, vous n'en aurez que pour 2 ans avec un acompte de 1.000 F…
En plus de l'orgue, nous avons trusté un amplificateur et un baffle… et il faut encore nous les farcir. Nous, qui comptions sur la quête pour sortir de nos frais… 1.200 F, juste de quoi garantir les lampes qui vont " péter " dans l'année à venir… Et dire que certaines personnes nous avaient assuré avoir vu de nombreux billets de cet francs côtoyer quelques pièces de cinq francs dans le plateau… à moins que la somme récoltée ne l'est qu'au prorata de notre interprétation… "

Par ce même discours, on connaît la composition masculine du groupe :
MM. Léon Lebleu, Roger Menu, Robert Poppe, Edgard Walle, Fernand Dauchy, François Vercruysse, Dominique Lamote, Damien Menu, Daniel Hoessen, Omer Billiet, Bernard Barroo, Christian Lamoot et Didier Lamoot.
La chorale mixte ne se produit que dans les grandes occasions : Noël, Pâques, les professions de foi des jeunes enfants et des adolescents, Ascension, Pentecôte, Assomption, dimanches de la Fancy-Fair et de la Kermesse et le jour de la Sainte-Cécile. De plus, elle anime certaines messes de mariage et se déplace même quelques fois.
De plus, le trio instrumental a mis à son programme quelques classiques adaptés aux instruments : l' " Aria " de J.S. Bach ; l'" Adagio " d'Albinoni ; l'" Ave Maria " de Schubert et celui de Gounod ; le " Panis Angelicum " de César Franck ; le " Cygne " de Saint Saens ; le " Spiritus Alter ", l "Apocalipsis " et l'" Aqua Sancta " de Jean-Christian Michel…
La chorale, quant à elle, a interprété quelques messes modernes : celle du Père Didier, la messe de Marly, celle intitulée " Amen II " de Raymon Fau, puis la messe " Viens dans notre monde " et enfin la messe " Pour un temps présent ". Il faut ajouter à cela une cinquantaine de cantiques, parmi lesquels les plus marquants : le " Bienheureux ", " L'allez-vous en sur les places ", le " Notre Père " de Rimsy-Korsakoff et vous avez le répertoire de la chorale.
Jusqu'en 1973, les filles portaient une aube blanche à cordon jaune, les hommes leur costume civil. L'uniforme féminin bien que soulignant le caractère solennel des auditions n'était pas pratique. Il fut remplacé par la blouse blanche et la jupe noire. On demanda aux membres masculins de choisir un costume sombre, de mettre une chemise blanche arborant un nœud papillon.
Il faut encore signaler que cette année l'orgue portatif a été remplacé par un orgue plus important, très lourd et peu maniable, mais possédant deux claviers et un jeu de pédales.

Les sociétaires actuels de la chorale
Basses : MM. Bernard Barroo, Ghislain Corten, Roger Menu, François Vercruysse, Edgard Walle et Gérard Woestyn.
Ténors : MM. Omer Billiet, Roger Baelden, Fernand Dauchy, Xavier Heyte, Léon Lebleu, Robert Poppe et Philippe Versnick.
Alti : Mmes Bernadette Despringre, Madeleine Labre, Nicole Verbeke, Melles Christine Degryse, Christine Vercruysse.
Soprani : Mmes Jacqueline Charles, Maria-Paule Despringre, Suzanne Guillebert, Adèle Lebleu, Thérèse Vanhercke, Rachel Vennin, Melles Christine Baelden, Marie-Louise Baelden, Corine Boudry, Marie-Paule Dauchy, Dorine Degadt, Christelle Derathé, Sabine Desmons, Sylvie Duret, Christine Hallez, Nadine Hallez, Monique et Thérèse Hoessen, Sabine Lippinois, Irène Maes, Marie et Viviane Pétillon, Ivonne Van Elslande, Carine et Francine Vanhove, Marie-Claire et Marie-Claude Vanuxeem, Nathalie Verhaeghe, Evelyne Storme, Magali Verolleman, Claudine Werbrouck et Claire Woestyn, MM. Luc Duret et Jean-Michel Van Elslande.

* M. Morel tint cette fonction jusqu'en 1898. Il fut remplacé par M. Camille Bossaert qui occupa ce poste jusque fin 1951. C'est aujourd'hui M. Gaston Vandecastelle l'organiste attitré. Il prit ses fonctions le 25 janvier 1952. Du 19 avril 1955 au 28 janvier 1958, M. Vandecastelle fut remplacé, momentanément, par M. Nestor Wyseur.


Copie d'un extrait de l'article " L'art musical et choral à Ploegsteert et au Bizet depuis la fin de XIXe siècle " de M. Jean-Claude Walle publié dans le Tome VI FASC. 2 1976 des Mémoires de la société d'histoire de Comines-Warneton et de la région.